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Dijon BM mss 0641 Vitae sanctorum XIIe siècle
Stirps Iesse virgam produxit, virgaque florem ;
et super hunc florem requiescit Spiritus almus.
V – Virgo Dei Genitrix virga est, flos Filius eius.
Gloria Patri, et Filio, et Spiritui Sancto.
* La souche de Jessé a poussé une tige, et la tige une fleur,
et sur la fleur l’Esprit fécond s’est reposé !
La tige, c’est la Vierge, la Mère de Dieu, et la fleur, c’est son Fils.
Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit.
Cantus selecti, Solesmes, 1957, p. 120*
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Ce répons, dont le site liturgique est aussi bien la fête de la Nativité du Seigneur que la fête de l’Assomption1 , est extrait d’un poème de Fulbert de Chartres consacré à la Nativité de la Vierge (Solem iustitiae, regem paritura supremum)2 .
Fulbert (vers 960-1028) fut chanoine et écolâtre de Chartres avant de monter sur le siège épiscopal de cette ville en 1006. Avec l’appui de Guillaume V d’Aquitaine, il entreprit la construction de sa cathédrale, l’ancien édifice ayant été ruiné par un incendie en 1020.
Ami d’Hugues Capet et conseiller de Robertle-Pieux, il se signala par des dons variés d’exégète, de théologien, d’hagiographe, d’épistolier, de médecin et de prédicateur qui lui valurent le surnom de « Socrate des Francs ».
La musique, l’un des arts constitutifs du Quadrivium médiéval, ne lui était pas indifférente elle non plus, puisqu’il contribua à diffuser en France les innovations pédagogiques de Gui d’Arezzo en ce domaine3 .
Notre répons, composé de trois hexamètres (le poème entier en compte neuf) exploite le thème biblique fourni par Isaïe 11, 1-2.
Nous lisons actuellement cet oracle (Is 11, 1-10) le mardi de la 1ère semaine de l’Avent : « Un rameau sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines.
Sur lui reposera l’Esprit du Seigneur… » Le poète chartrain appuie l’interprétation mariologique du passage (déjà traditionnelle)4 sur le jeu des sonorités qui apparente les mots virga (tige) et virgo (vierge), ce dernier ne se trouvant pas dans le texte, mais quelques chapitres plus haut dans le même livre d’Isaïe, selon la Vulgate : « Voici que la vierge concevra… » (Is 7, 14).
Le répons Stirps représente non seulement un témoin littéraire du grand essor du culte marial en Occident à partir des XIe -XIIe siècles, mais, en quelque sorte, la mise en musique du grand thème iconographique de l’Arbre de Jessé.
Voir Dom R.-J. HESBERT, Corpus Antiphonarum Officii, vol. 4, Rome, 1970, n° 7709.
2 Voir PL 141, 345 ; H. SPITZMULLER, Poésie latine chrétienne du Moyen âge, IIIe -XVe siècle, Desclée de Brouwer, 1971, p. 366 ; le même Fulbert est auteur de l’hymne Chorus novae Ierusalem que l’on chante au Temps pascal.
3 Sur Fulbert de Chartres, voir A. MICHEL, In hymnis et canticis. Culture et beauté dans l’hymnique chrétienne latine, Paris-Louvain, 1976, p. 170-173 ; G. IVERSEN, Chanter avec les anges, Paris, 2001, p. 177-179.
4 Voir JEROME, Commentaire sur Isaïe, IV, XI, 1-3, CCSL 73, p. 147.
par CASSINGENA-TREVEDY, François, 2014
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