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INVITATOIRE A LA COMMUNION: Venite Populi ad Sacrum et Immortale Mysterium.

cantorum

Dernière mise à jour : 19 avr. 2023



ipsum solum adore mus:


c’est lui seul que nous adorons.


INVITATOIRE A LA COMMUNION


Ad communicandum de l’ancienne liturgie des Gaules.



Venite populi, ad sacrum et immortale mysterium et libamen agendum. Cum timore et fide accedamus, manibus mundis, paenitentiae munus communicemus ;

quoniam Agnus Dei propter nos Patri sacrificium propositum est : ipsum solum adore mus, ipsum glorificemus, cum angelis clamantes : alleluia !


Venez, peuples, approchez-vous du mystère sacré et immortel, et de ces prémices offerts : avec crainte et foi, avançons, avec des mains pures, communions au don de la pénitence ;

car l’Agneau de Dieu pour nous au Père s’est offert en sacrifice ; c’est lui seul que nous adorons, c’est lui seul que nous glorifions, avec les Anges en clamant : Alléluia.


Et lorsqu’on chante cette partie : Ipsum solum adoremus, on fléchit les genoux.


Le vocabulaire employé pour parler de l’Eucharistie (mysterium, libamen, munus) renvoie à une époque très reculée, de même que les mains pures, allusion à la communion dans le rit des Gaules, où les mains étaient utilisées comme PATENE par les communiants (revêtues d’un voile pour les femmes gauloises).

Cette pièce est très ancienne!


Toute pleine des grands thèmes eucharistiques que l’on rencontre chez les Pères de l’Église syro-antiochienne, en particulier Jean Chrysostome (l’accès aux saints «Mystères » dans la crainte et l’orthodoxie de la foi, l’association des hommes avec les anges), elle atteste une pénétration, en Occident, de la piété byzantine.


Du point de vue de l’expression, on relèvera les mots liturgiques qui appartiennent au vieux fonds du latin chrétien : libamen, munus, communicare. Cette antienne appartient au répertoire gallican, avec la corde de ré, caractéristique de ce dernier, et, d’un point de vue liturgique, porte la trace d’un temps où la communion dans la main était encore d’usage ordinaire dans l’Église latine. Son plus ancien témoin manuscrit est le « Pontifical de Poitiers » (début du IXe siècle).


Il s’agit d’un invitatoire à la communion, comme la Communion Gustate et videte que nous avons actuellement au 14ème Dimanche du Temps ordinaire ; ce ton d’invitation, à la fois grave et joyeuse, est particulièrement sensible dans la première phrase, avec la quarte ascendante sol-do sur la syllabe finale de mysterium qui est évidemment le mot capital.


Ce petit trésor du chant liturgique qui se chantait encore à Lyon, au XVIIIe siècle, après l’Agnus Dei, pour les jours de fête d’obligation, a attiré l’attention des liturgistes et des musicologues : Dom Martène le mentionne dans son grand ouvrage paru en 1736, De antiquis Ecclesiae ritibus libri (III, col. 104), citant à l’appui un sermon de Césaire d’Arles qui présente certains parallélismes textuels. Le chartiste et chanoine Stephen Morelot lui consacra un mémoire en 1847.


L’alleluia final, très orné, est typiquement gallican, avec son mélisme sur l’avant-dernière syllabe (qui repose sur une accentuation alleluia), sans parler du très beau crescendo qui affecte la première : la mélodie et la structure évoquent celles de l’alleluia qui clôt l’antienne O crux benedicta du 14 septembre (mode de ré également).

Bibliographie :

Voici comment se déroulait cette cérémonie le jour de Pâques selon le missel de l’Abbaye de Saint-Martin d’Anay à Lyon :

Ayant dit Agnus Dei, avant la réception de la communion, l’Abbé ou celui qui célèbre va au marchepied de l’autel, et là tous reçoivent de lui la paix. L’abbé, en embrassant les frères, dit à chacun : Pax tecum frater ; et l’autre lui répond : Et cum spiritu tuo. Le diacre et le sous-diacre reçoivent la paix en premier, puis les principaux en premier. Cela fait, on se retourne vers l’autel, & tous viennent alors autour de l’autel, & chantent d’une haute voix l’antienne Venite populi. Or lorsqu’on dit Ipsum solum adoremus, tous fléchissent les genoux, et pendant qu’on la chante, il y a deux grands encensoirs qui encensent l’autel. Ensuite tous ceux qui n’ont pas célébré viennent recevoir la communion.


Dans les manuscrits, cette antienne porte divers titres : Ad Eucharistiam, Ad communicandum, et même Ad corpus Domini frangendum.









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